Manufacture Baumann (1901 - 2003)

Portraits

1 juil.

Manufacture française de mobilier en bois courbÉ

Créée en 1901 par le suisse Émile Baumann et reprise en 1903 par son fils Walter Baumann, la “Chaise de France” installe ses ateliers de confection de mobilier en bois courbé dans la ville de Colombier-Fontaine dans le Doubs.
C’est alors une entreprise familiale qui s’installe en France et occupe une place prépondérante sur son marché : en 1903, l’entreprise compte 168 salariées recrutés par Walter ; en 1930, son frère Max Baumann prend les rennes de la direction commerciale et fait rayonner l’entreprise en France et en Europe qui connaît son apogée dans les années 70’ avec un effectif de plus de 600 salariés.

Installée dans une ancienne saboterie, la manufacture Baumann construit d’abord sa notoriété avec une collection de chaises et une seconde de mobilier pour enfant pour les intérieurs à la mode et se fera connaître de la France entière dès 1903 avec une voiture pliable pour enfant appelée “charrette” puis élargira son catalogue en proposant tout type de meuble en bois courbé pour les particuliers mais aussi pour les restaurants, hôtels, bureaux, théâtres, etc.

Face à la forte demande en équipement pour nos chères têtes blondes, la famille Baumann délocalise la production de mobilier pour enfant à 3 km de la manufacture mère et installe une équipe de 20 ouvriers à Lougres dès 1908. Un terrible incendie aura raison de la fabrique annexe qui fermera ses portes en 1921.
De nombreux dépôts ouvrent un peu partout en France dès les années 30’ à Paris, Lyon, Marseille, Nantes, Strasbourg, Bordeaux et Lille jusqu’à traverser la Méditerranée en ouvrant trois autres dépôts à Alger, Oran et Tunis : la renommée de la manufacture explose et les ouvriers croulent sous les commandes.

Émile Baumann s’entoure très vite des meilleurs ingénieurs et techniciens et se démarque pour faire de Baumann un label de haute qualité de production grâce au choix des matériaux et aux techniques d’assemblage, d’innovation grâce au développement du hêtre cintré par étuvation du bois et de fidélisation de sa clientèle en proposant des pièces de rechange telles que les fonds de siège en bois, skaï ou cannage pour remplacer ceux qui seraient usés ou détériorés.
La manufacture française a également su adapter ses modèles aux tendances de son époque en proposant par exemple une série plus élégante avec des matériaux plus nobles dans les années 60’.

Aujourd’hui connue dans le monde entier, la chaise bistrot Baumann à la française a fait la réputation des cafés et des terrasses parisiennes. On la retrouve dans la photographie en noir et blanc de Robert Doisneau, dans les lignes de Guillaume Apollinaire ou sur scène sous les répliques de Paul Claudel. On ne saurait dire combien d’écrivains ont laisser glisser leurs plumes sur les terrasses de Saint-Germain-des-Près et de Montmartre assis sur une chaise en bois courbé.
Solides, stables et confortables, nous les retrouvons aujourd’hui encore dans les lieux de restauration et autour de nos tables de cuisine et de salle à manger : le challenge de transmission éternelle de son mobilier a été relevé par la famille Baumann.

Fermée en 2003 suite à une longue descente aux Enfers causée par l’arrivée du Mass Market, les entrepôts de la manufacture seront détruis en 2008 laissant place à un projet de musée de la chaise. Les lieux ont été abandonnés par les ouvriers et ont fait le bonheur des amateurs d’exploration urbaine : de nombreux objets sont restés sur place après la fermeture, le bois est prêt dans les étuves, les machines sont encore sous pression et de nombreuses chaises témoignent de l'activité passée avant l’arrivée des bulldozers.
La chaiserie française ferme ses portes au début du XXème siècle et cédera certains droits d’exploitation à une autre manufacture très connue : Thonet.